En quelques mots…
Dans ce retour d’expérience, nous explorons un projet d’intégration entre la plateforme iPaaS **Boomi** et le système ERP **SAP**. Au-delà de la simple connexion technique, la mission consistait à harmoniser les flux de données tout en garantissant la **fiabilité**, un **monitoring structuré** et une **gouvernance robuste**. Dans cet article, vous découvrirez les défis rencontrés, les choix technologiques effectués, les bonnes pratiques adoptées ainsi que les écueils à éviter. Une lecture idéale pour tout spécialiste IT impliqué dans un projet d’intégration d’entreprise.
🔍 Contexte et objectifs
Une transformation dans un groupe international
Dans le cadre d’une refonte globale de ses systèmes d’information, un groupe industriel international a lancé un chantier ambitieux : **uniformiser l’intégration de ses applications tierces** avec SAP en utilisant Boomi comme plateforme centrale. L’existant comprenait une myriade de connecteurs point-à-point, difficiles à maintenir et dépourvus de supervision intégrée.
Rôle de Boomi dans l’écosystème
Boomi a été choisi pour son approche **low-code**, sa compatibilité avec divers protocoles (SOAP, REST, IDoc, OData…), et sa capacité à industrialiser rapidement des intégrations. Objectif : faire émerger un **hub d’intégration centralisé**, garantissant la fluidité et la traçabilité des échanges entre SAP et une dizaine d’applications satellites (CRM, WMS, outils RH, etc.).
🚧 Défis rencontrés
1. Connectivité SAP 🧩
Bien que Boomi propose un connecteur SAP natif, son usage n’a rien de trivial. Il a fallu composer avec différents formats d’échange :
– **IDoc** : format standard SAP, efficace mais rigide
– **BAPI** : appel de fonctions SAP, plus souple mais nécessitant d’importer les métadonnées au préalable
– **RFC** : interface distante à performance variable
– **Web services ABAP** : pratique dans certaines architectures mais rare dans les environnements legacy
👉 L’un des premiers chantiers a été l’audit des modes de communication de chaque site SAP, car les différentes filiales n’étaient pas toutes au même niveau de version ni d’activation des services.
2. Orchestration des flux 🔄
Un problème-clé dans tout projet d’intégration est la **gestion des dépendances entre processus**. Par exemple, lors de la création d’une commande client, plusieurs étapes doivent s’enchaîner :
1. Vérification de la disponibilité en stock (via SAP)
2. Attribution d’un numéro d’ordre
3. Émission d’un IDoc contenant les lignes de commande
4. Confirmation via une API REST vers un CRM
Cette chorégraphie nécessite un moteur capable de **mettre en pause**, d’attendre une réponse externe ou de *rejouer proprement* en cas d’échec. Boomi permet cela, mais l’équipe a dû élaborer un **cadre d’orchestration réutilisable** pour industrialiser ces schémas complexes.
3. Résilience et gestion des erreurs ⚠️
Dans un monde idéal, tous les messages passeraient du premier coup. Dans la réalité, des erreurs surviennent :
– SAP peut être temporairement indisponible
– Certains IDoc sont rejetés pour des raisons fonctionnelles (client inexistant, données incohérentes)
– Les appels API peuvent **timeout**
L’équipe a implémenté un système à trois niveaux d’alerte :
– **Technique** (échecs de connexion, erreurs Boomi)
– **Fonctionnelle** (rejets SAP avec code d’erreur explicite)
– **Comportementale** (dérives de volume, lenteur anormale)
Grâce à l’usage couplé de **process reporting** Boomi et d’un outil de supervision externe (Grafana), les incidents sont rapidement identifiés et traités.
🏗 Mise en œuvre technique
Framework d’intégration standardisé 🧱
Une des clés du succès fut de bâtir un **framework standard Boomi**, contenant :
– Des blocs de pré-traitement (authentification, validation de schéma)
– Des gestionnaires d’erreurs standards
– Un connecteur SAP paramétré une seule fois et réutilisé
– Des logs XML/JSON enrichis de métadonnées contextuelles (ID opérationnel, timestamp, utilisateur, etc.)
Ce socle réutilisable a permis d’accélérer la création de nouveaux processus tout en garantissant une cohérence globale.
Déploiement orchestré 🧪
Chaque intégration a été modélisée dans une démarche **CI/CD** avec :
– Développement en environnement sandbox Boomi
– Tests fonctionnels avec l’équipe SAP
– Qualification avec données anonymisées
– Déploiement contrôlé via Git et Atomsphere API
Le versionnement et les tests automatisés ont permis de limiter les régressions et de respecter un planning de livraison serré.
📊 Gouvernance & monitoring
Suivi des flux en production 🛰
Un des enjeux majeurs : donner de la visibilité, non pas seulement aux équipes IT, mais aussi aux équipes métier.
Pour cela, plusieurs outils ont été combinés :
– **Boomi Process Reporting** pour les équipes IT
– **Dashboards dédiés** dans Power BI pour les managers opérationnels
– **SLA techniques et fonctionnels** clairement définis
Le tout a été regroupé dans un **confluence d’intégration**, détaillant la documentation, les owners applicatifs, les points de reprise, et les contacts d’escalade.
Gestion du cycle de vie des interfaces 🔁
Chaque interface entre Boomi et SAP est désormais **suivie comme un actif applicatif** :
– Cycle de vie formalisé (création, versioning, décommissionnement)
– Cartographie des dépendances
– Audits mensuels de performance et de disponibilité
Un rôle de **Product Owner Intégration** a été créé pour aligner évolutions techniques et besoins métiers.
📚 Enseignements tirés du terrain
Des réussites notables…
✅ Harmonisation des flux avec une traçabilité complète
✅ Diminution par 3 du temps moyen de traitement des incidents
✅ Meilleur alignement entre équipes SAP, développement et support
… mais aussi des points de vigilance
⚠️ Attention aux surcharges SAP en cas de push massif
⚠️ Nécessité de documenter chaque interface *dès sa conception*
⚠️ Formation continue indispensable sur Boomi pour garantir la montée en compétence des équipes IT internes
🎯 Conclusion : Nos conseils d’expert
L’intégration entre Boomi et SAP est un **levier puissant mais complexe**. Elle ne repose pas uniquement sur la technologie, mais sur la rigueur de conception, la gouvernance et la collaboration transverse. Pour réussir un tel projet, privilégiez :
– Une approche **modulaire et réutilisable** des flux
– Un **monitoring structuré**, accessible aux fonctions IT et métier
– Une montée en compétence continue des équipes Boomi et SAP
– Une gouvernance claire portée par un référent d’intégration
Au final, l’enjeu dépasse la technique : il s’agit d’instaurer une **culture de l’intégration** dans l’entreprise.